• Selon les récents sondages, Annalena Baerbock sera la prochaine Chancelière.
• La CDU met en garde devant le risque d’une dérive à gauche.
• A quels changements faut-il s’attendre de la part d’un gouvernement dirigé par les Verts?
Berlin
Ah la magie des chiffres! Le 26 semble sourire aux Verts.
Tous les instituts de sondages présentent le même résultat:
26 % d’opinions favorable (Infratest Dimap, et Emnid). L’Institut Forsa en rajoute même une couche : 28%. !!
Un record historique pour les Verts. D’autant qu’ils dépassent la CDU/CSU.
Quatre mois avant les élections il est vrai.
Si les résultats des élections étaient identiques aux sondages, les Verts seraient vainqueurs, ceci quarante ans après leur entrée au Bundestag.
Annalena Baerbock obtiendrait aussi de meilleurs scores que Armin Laschet(CDU) ou Olaf Scholz (SPD) dans les circonscriptions à mandat direct.
“Tout est possible”: tel est le slogan de campagne des Verts. Sous réserve de trouver le bon partenaire pour une coalition, Annalena Baerbock deviendrait la plus jeune Chancelière de l’histoire allemande, la première Chancelière mère de famille, la première Verte. Une première sur tous les plans.
Quelles en seraient les conséquences en matière de changement?
Les Verts veulent une économie de marché socio-écologique.
Selon la CDU/CSU, c’est un drame qui se prépare: une République de gauche munie de blocs ralentisseurs et des rues fermées aux bagnoles.
Une note interne compare le programme des Verts avec l’amannite tue-mouche, ce champignon rouge toxique tâcheté de points blancs et aux effets halllucinogènes…
Selon les Verts, leur programme est tantôt radical tantôt apaisé.
“Nous ne voulons pas tout changer”, déclarait récemment la candidate Annalena Baerbock.
Son co-listier Robert Habeck assure que l’on ne touchera pas aux fondementaux de la RFA: la participation à l’OTAN et l’Allemagne pays industriel. Il s’agit d’une pique à l’encontre des communistes de Die Linke. Certes. Mais c’est aussi une manière de s’auto-persuader car les deux concepts n’ont guère fait bon ménage chez les Verts dans le passé.
Selon les propos de Annalena Baerbock, l’Allemagne se trouve à une nouvelle croisée des chemins, la troisième après la reconstruction suite à la guerre puis à la réunification : la tentative d’appliquer la neutralité climatique au pays.
" C’est le système qu’il convient de changer, l’économie sociale de marché doit se muer en une économie socio-écologique de marché."
Les déclarations de Annalena Baerbock ont une résonance à la fois révolutionnaire et empesée. Une chose est sûre : le climat sera au centre de son action.
Pour y parvenir, les citoyens seront sollicités.
Plutôt que sur la contrainte, le style se basera sur le consensus.
Vers une interdiction des automobiles??
Le plan climatique des Verts implique des sources d’énergies renouvelables, une réorganisation des modes de circulation et le coût des émissions de CO2 doit augmenter. Faut-il réduire l’éclairage nocturne et interdire les voitures? Augmenter les coûts pour tout le monde?
“Mais non”, répond Annalena Baerbock: “J’ai grandi à la campagne et je sais qu’on a besoin de la voiture – tant que les transports collectifs de proximité ne fonctionnent pas bien. Cela prendra du temps.”
Donc les bagnoles resteront et les moteurs Diesel – sur les nouveaux modèles - ne disparaîtront qu’à partir de 2030.
L’Etat soutiendra l’industrie dans sa démarche de transition.
Les Verts prévoient aussi un programme de soutien aux industrie productrices de matières premières telles que les aciéries, le ciment et la chimie.
Ces secteurs consomment en effet trop d’énergies fossiles et émettant trop de CO2.
Les Verts veulent aussi plus d’éoliennes. Pour y parvenir, les règles de distance des habitations devront être réduites.
Il y aura davantage de capteurs solaires sur les toits. Le Bad Würtemberg (dirigé par les Verts, Winfried Kretschmann) et la Bavière (CSU, Markus Söder) sont précurseurs en ce domaine.
Autres mesures – plus contraignantes: la limitation à 130km/h sur les autoroutes: donc fini les bolides fonçant à plus de 250km/h!
Une éco-taxe sur les smartphones en vue d’un authentique recyclage.
Mais un point sensible apparaît d’ores et déjà: le très puissant BDI (Fédération de l’Industrie Allemande) se montre sceptique à l’égard du programme des Verts:
“ Beaucoup d’ombres et peu de lumière” . Beaucoup d’interdits et d’obligations, des visions caricaturales, trop de mécanismes dirigistes en matière de fixation des prix et trop de défiance vis-à-vis des acteurs économiques.
Un point encourageant pour les Verts: les syndicats approuvent leur volonté d’assouplir les mesures de la loi dite Hartz 4 et d’apporter plus de garanties aux salariés.